Ou du «Dire» au «Faire»…
Et si…Et si la sacrosainte parole éducative ne tombait désormais plus du ciel ? Et si les consignes et le savoir ne descendaient plus directement de l’estrade ? Et si l’autorité n’engendrait plus crainte et respect comme beaucoup le souhaiteraient encore ? Et si le logiciel de pensée de nos pré-ados, ados et jeunes adultes avait tellement muté qu’il ne s’encastrerait désormais plus de nos jours dans aucun de nos schémas de pensées moraux et sociétaux ? Devons-nous aujourd’hui nous inquiéter de voir ces jeunes « mutants » pétris de certitudes venir s’essuyer les pieds sur le seuil du perron de notre pacte social et de notre état égalitaire ?
Tout dépend, tout dépend aujourd’hui de nos aptitudes à percevoir la position « adolescente » sur un autre angle, un point d’observation beaucoup plus horizontal, à hauteur des enjeux qui préoccupent nos jeunes concitoyens et qui descendrait enfin de son perchoir pour venir proposer une autre approche de la question. Cette société dite si « liquide » dans laquelle nous baignons maintenant depuis plusieurs décennies ne sous-entend elle pas un déplacement de nos interactions sociales, qu’elles soient professionnelles ou plus personnelles, et de fait familiale et éducative ?
La parole de l’adulte n’est plus parole d’évangile, la parole du professeur n’est plus le sésame, la passerelle unique vers la connaissance et la parole du juge n’est bien entendue plus depuis longtemps ce couperet symbolique venant couper les excès d’agressivité et de violences. En d’autres termes, au cœur de cette nouvelle société pétrie de débats incessants et engluée sous de tonnes d’injonctions paradoxales, ce besoin de rapports égalitaires en tous points ne se traduit plus uniquement par le « Dire » de l’adulte, la consigne indiscutable, le « respect du cadre », mais par le « Faire », l’exemple, et au besoin le « Faire-Avec » désormais nécessaires alliés de la « Parole ». Dire sans appliquer soi-même est en quelque sorte devenu un acte totalement rédhibitoire et pour ainsi dire inaudible pour nos jeunes mutants. Une parole d’adulte qui ne se vérifie pas dans la réalité quotidienne de son auteur vient totalement décrédibiliser cette même parole, et de fait l’adulte en question. Alors à votre avis, sommes-nous vraiment prêts à parler à nos enfants ?…